jeudi, avril 18, 2024
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Zoonoses : le rôle de la faune sauvage dans l’émergence des maladies humaines remis en question

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Zoonoses : le rôle de la faune sauvage dans l’émergence des maladies humaines remis en question

Selon un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le contact avec des espèces animales sauvages n’est pas la source principale de transmission des zoonoses. Ce qui inquiète le plus la commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN, c’est le risque de maladie lié au commerce d’animaux domestiques et de produits dérivés mal réglementé ou mal contrôlé.

 

Le rapport, intitulé « Analyse de la situation sur les rôles et les risques de la faune sauvage dans l’émergence de maladies infectieuses humaines », repose sur l’analyse de quelque 5 000 sources scientifiques sur trois décennies. À en croire les conclusions, 99 % des cas humains de zoonose auraient pour origine les animaux domestiques ou leurs produits dérivés, mais aussi les environnements dominés par l’homme. Ces transmissions se font par contact direct, par l’alimentation, les eaux ou des vecteurs comme les insectes.

Ce même rapport souligne le peu de cas confirmés, c’est-à-dire fondés sur des preuves publiées (47 cas sur les 28 années étudiées), loin des chiffres habituellement avancés. Mais l’UICN souligne que la rareté des preuves documentées ne doit pas éclipser « un risque de propagation de nouveaux agents pathogènes, car même des événements isolés peuvent avoir des conséquences majeures ».

Cette analyse de la situation trouve un écho tout particulier avec la pandémie de Covid-19. Dans ce contexte, il est malgré tout plus difficile d’établir le lien entre zoonoses et interactions directes avec la faune sauvage, même si la pandémie actuelle a sensibilisé les autorités aux risques sanitaires liés à la faune sauvage et préconisé une mise sous surveillance renforcée de ces animaux. Des études ont même développé des modèles mathématiques pour estimer les risques par catégories d’agents pathogènes, de réservoirs et d’animaux susceptibles d’offrir une barrière interespèces suffisamment faible et donc présenter un risque zoonotique.

En conclusion, les auteurs ne recommandent nullement d’éventuelles interdictions pour entraver les échanges mondiaux, bien au contraire : un commerce en toute lumière est plus facilement traçable qu’un commerce illégal et opaque. C’est donc une stratégie “One Health” qui est proposée pour une surveillance globale de la circulation des agents pathogènes ou potentiellement pathogènes.

« Bien que de nombreuses maladies aient pu provenir d’animaux sauvages dans le passé, les preuves disponibles indiquent clairement que les interactions avec les animaux domestiques sont une source beaucoup plus importante de zoonoses chez l’homme. Si nous continuons à augmenter notre production d’aliments d’origine animale, non seulement nous entraînerons une plus grande perte de biodiversité, mais nous augmenterons également le risque de futures pandémies. Nous devons repenser la façon dont nous interagissons avec le monde naturel et conserver les écosystèmes qui servent de barrières écologiques naturelles pour maintenir l’équilibre entre les humains, les animaux domestiques et la faune sauvage. »

À ce jour, il existe plus de 200 zoonoses. Elles peuvent être endémiques, comme dans le cas de la rage, du virus Ebola et de la salmonellose, ou (ré)émergentes, comme les coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère (Sars-CoV-2) ou du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers-CoV). Certaines, après être passées chez l’homme, mutent et deviennent des maladies humaines, comme le sida (VIH).

Au total, 60 % des maladies infectieuses humaines sont d’origine zoonotique.

 

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