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Viande de cheval : une enquête en Amérique latine fait état de pratiques d’abattage à risque et de maltraitance

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Viande de cheval : une enquête en Amérique latine fait état de pratiques d’abattage à risque et de maltraitance

Une nouvelle enquête sur l’origine de la viande chevaline destinée à être exportée dans l’Union européenne, essentiellement via la Belgique, a été menée en Argentine et en Uruguay, en mars et avril 2015, par les organisations de défense des animaux Tierschutzbund Zürich (TSB) et Animal Welfare Foundation (AWF). Révélées par Gaia ce mois-ci, les conclusions de cette enquête sont accablantes. 

 

viande de cheval hippophagieLa liste des pratiques douteuses est longue : chevaux malades ou blessés laissés sans soins, trafic de chevaux volés, longs temps de transport sans eau ni nourriture dans des camions vétustes, maniement brutal par du personnel non qualifié, abattoirs et enclos non conformes, conditions d’abattage épouvantables, manque de traçabilité, etc. La Belgique, considérée comme la plaque tournante du commerce mondial de viande chevaline, réexpédie une grande partie du tonnage importé vers d’autres pays comme la France, l’Italie, les Pays-Bas ou encore le Japon. Quatre entreprises belges se partagent le commerce lucratif de la viande de cheval en provenance d’Amérique du Sud : Chevideco, Equinox, Multimeat et Velda.

Majoritairement exportée, notamment vers l’Europe, la viande de cheval sud-américaine se retrouve ainsi dans les assiettes des consommateurs, belges mais pas seulement. « Or le chemin qui mène du cheval à l’assiette n’est qu’un long enchaînement de maltraitances, de négligences et de fraudes, estime Michel Vandenbosch, président de Gaia. Il est notamment temps que tous les supermarchés belges cessent de vendre de la viande chevaline en provenance d’Amérique latine. » En Uruguay comme en Argentine, deux pays tiers où la traçabilité et le bien-être animal ne sont pas garantis, les chevaux ne sont pas élevés pour la production de viande. Les abattoirs s’approvisionnent en chevaux utilisés pour la monte, le travail à la ferme, les courses. Parmi eux, nombreux sont les animaux squelettiques, malades, blessés et âgés, voire issus de trafics. Comme l’absence d’un système efficace de traçabilité, le vol de chevaux est un problème récurrent dans ces pays.

Lors d’une précédente enquête sur les conditions de transport et d’abattage des chevaux sud-américains, réalisée en 2009 et 2010 au Brésil, au Mexique et en Argentine, l’organisation Gaia avait déjà révélé les sévices et les voyages interminables que subissent ces animaux, le plus souvent transportés jusqu’à une vingtaine d’heures sans eau, ni nourriture, ni temps de repos. Depuis six ans, rien ne semble avoir réellement changé…

La nouvelle enquête de terrain, menée l’an passé en Argentine et en Uruguay, cible les centres de rassemblement et les lieux de vente aux enchères des chevaux, mais aussi les camions de transport et les abattoirs. En amont de l’abattage, la souffrance des chevaux est omniprésente, tout au long de leur parcours. Comme en témoigne le rapport*, certains animaux sont squelettiques, présentent des blessures ou des fractures non traitées, des lésions sur le corps ou la tête, d’autres sont affamés, épuisés et négligés. Les enquêteurs ont même trouvé des carcasses en décomposition de chevaux morts avant d’être abattus, entassées à l’extérieur des enclos.

Le voyage vers les abattoirs dépasse fréquemment 1 000 km et 24 heures. Les véhicules utilisés pour le transport des chevaux sont pour le moins inadaptés, voire délabrés. Dans les remorques surchargées, les animaux ne sont ni alimentés ni abreuvés. De telles conditions de transport sont en contradiction avec les normes européennes, de même que l’absence de boucles d’identification sur certains chevaux. Un manque de traçabilité qui présente un risque majeur pour la santé publique.

En effet, à l’aide de faux documents, des centaines, voire des milliers de chevaux en provenance du Brésil sont acheminés frauduleusement jusqu’en Uruguay, nouveau pays d’approvisionnement pour les importateurs. Or il ne dispose pas d’un système d’identification comparable à celui de l’Union. Les chevaux ne sont pas pucés ni suivis grâce à un passeport attestant de leur historique médical. Le dernier propriétaire doit simplement signer une déclaration confirmant que son cheval n’a pas reçu de traitement au cours des six derniers mois. Mais contrairement à la législation européenne, la phénylbutazone, anti-inflammatoire non stéroïdien, est vendue et administrée aux chevaux sans prescription vétérinaire, comme de nombreux autres médicaments.

En Uruguay, trois abattoirs pour chevaux sont approuvés par l’Union européenne (Clay, Agroindustrial del Este, Sarel). Sarel appartient à l’importateur belge Multimeat, qui fournit en viande chevaline plusieurs supermarchés implantés en Belgique. L’Argentine (via les abattoirs Lamar, Entre Rios) continue également de fournir des chaînes de la grande distribution belges (Aldi, Carrefour, Champion, Cora, Delhaize, Intermarché, Match, Prima, Spar).

Quelques avancées sont toutefois à saluer depuis l’enquête précédente. Ainsi, Bruxelles a interdit l’importation en Europe de viande chevaline en provenance du Mexique fin 2014. Certaines enseignes ont de leur côté réagi en conséquence : Lidl Belgique a décidé de retirer la viande de cheval de ses rayons, Jumbo aux Pays-Bas et des supermarchés suisses ont cessé leurs importations en provenance d’Argentine, tandis que Colruyt et Makro n’achètent plus que de la viande de chevaux issus de l’Union européenne.

 

* http://www.gaia.be/sites/default/files/paragraph/files/2016_-_production_of_horsemeat_in_argentina_uruguay_-_full_fr.compressed.pdf

 

 

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