L’université du Colorado vient de lancer un pavé dans la mare qui n’a pas fini de faire des vagues. Dans le cadre de l’évolution nécessaire de la profession vétérinaire outre-Atlantique, la solution proposée pourrait bien influer sur son devenir. L’idée, qui fait débat, est de créer un échelon professionnel intermédiaire, entre l’ASV et le docteur vétérinaire, comparable au médecin assistant ou à l’infirmière praticienne en médecine humaine. Un projet que la profession outre-Atlantique aimerait bien laisser couler…
Outre-Atlantique, la profession collabore déjà avec des techniciens vétérinaires, en majorité des femmes, qui se plaignent d’une déconnexion généralisée entre leurs compétences, qui vont bien au-delà de celles des nurses, et leurs revenus, qui restent très inférieurs. En outre, ils ressentent souvent une frustration face à l’absence de répercussion de la croissance financière des hôpitaux vétérinaires qui les emploient. Dans une enquête menée par la National Association of Veterinary Technicians in America en 2008, près de 79 % des techniciens vétérinaires interrogés sur leur salaire estimaient être si mal payés qu’ils envisageaient de quitter cette profession. Seuls 43 % déclaraient être satisfaits et résolus à poursuivre une carrière dans cette voie. Pour certains techniciens, la déception par rapport au niveau des salaires est aggravée par l’ampleur de la dette contractée pour leurs études. Bien que la formation, sur deux ans, soit proposée par de nombreux collèges ou universités à un prix abordable, le cursus privé reste très coûteux (de 26 000 à 35 000 € par an).
Pour sa part, le programme de formation du VPA en trois semestres, proposé par l’université du Colorado, pourrait réduire le coût des études pour ces paraprofessionnels et celui des embauches pour les cliniques vétérinaires, créer des postes avec un potentiel de revenus plus élevés, et fournir un plan de carrière plus satisfaisant pour ceux qui souhaitent pratiquer la médecine vétérinaire à ce niveau intermédiaire.
En médecine humaine, la profession médicale a mis plus de vingt ans à adopter la fonction de physician assistant. Et pourtant, selon une enquête menée en 1994, les médecins employant un assistant rapportent une efficacité accrue, un développement de l’activité et, dans l’ensemble, de meilleurs soins prodigués à leurs patients. Tout en travaillant, en moyenne, une semaine de moins par an que leurs confrères sans assistant, ils indiquent avoir augmenté le volume des heures d’ouverture du cabinet et de soins aux patients, ce qui a généré une hausse du revenu net de 18 %. L’étude coûts-bénéfices de l’embauche d’un physician assistant fait apparaître que pour chaque dollar généré, leur employeur débourse 28 cents. Les autres aspects positifs concernent notamment la réduction du temps d’attente et l’amélioration de la satisfaction des patients.
Face à la crise financière que traverse la médecine vétérinaire outre-Atlantique, elle n’a pas vingt ans devant elle pour décider si, oui ou non, le veterinary professional associate est la réponse à la demande croissante des services vétérinaires, à la pénurie de vétérinaires notamment dans le secteur de la sécurité sanitaire des aliments, à l’explosion de la dette des futurs diplômés, et aux changements rapides de l’environnement social. Les vétérinaires américains ne peuvent pas continuer à tout faire ou à le faire tout seuls. Peut-être le VPA fera-t-il partie de la solution. L’université du Colorado a le mérite d’avoir lancé, non sans audace, le débat.
Source DMV360