lundi, mars 18, 2024
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Une épilepsie juvénile mortelle touche les chiens de race Parson russell terrier

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Une épilepsie juvénile mortelle touche les chiens de race Parson russell terrier

Une découverte génétique met en corrélation un dysfonctionnement mitochondrial avec l’apparition d’une épilepsie sévère, voire mortelle, chez des chiots de la race Parson russell terrier âgés de quelques mois seulement. Il s’agit de la première description de ce nouveau trouble neurodégénératif du cerveau canin.

 

Des chercheurs de l’université d’Helsinki se sont intéressés à des cas très spécifiques d’épilepsie sévère chez des chiots parson russell terrier. Âgés de 6 à 12 semaines, les chiens atteints présentent soudainement des crises épileptiques aiguës qui évoluent rapidement, deviennent parfois continues et ne répondent pas aux traitements mis en place. Les animaux meurent alors en quelques heures ou doivent être euthanasiés. L’analyse histopathologique des tissus cérébraux a révélé une nécrose neuronale étendue, touchant la substance grise dans tout le cerveau. Un encombrement mitochondrial intraneuronal ainsi qu’une accumulation d’amyloïde-β et une neurodégénérescence générale, typique de la maladie d’Alzheimer humaine, ont également été observés. Une telle accumulation a de quoi surprendre chez des chiens aussi jeunes.

Grâce à près de 30 000 échantillons collectés dans toute l’Europe, provenant de 374 races canines différentes, les chercheurs ont pu identifier le coupable. Les chiots affectés présentent une déficience génétique sur le gène PITRM1 qui entraîne la disparition de deux acides aminés dans l’enzyme PITRM1, l’empêchant de fonctionner normalement. L’enzyme en question joue un rôle important dans la fonction mitochondriale, donc dans le métabolisme énergétique. Elle sert de nettoyant mitochondrial et décompose les morceaux de protéines inutiles, ainsi que l’amyloïde-β nocif. Si PITRM1 ne fonctionne pas correctement, l’accumulation de ces substances dans les mitochondries perturbe leur fonctionnement. Or les neurones sont particulièrement sensibles aux dysfonctionnements de la respiration cellulaire, qui a lieu dans les mitochondries, ce qui explique la neurodégénérescence précoce constatée chez les chiots atteints et dont les mitochondries sont obstruées.

Chez l’homme, des mutations sur ce même gène PITRM1 provoquent également une neurodégénérescence qui se traduit par une ataxie spinocérébelleuse associée à des anomalies psychiatriques et cognitives. Si la maladie humaine progresse plus lentement, le tableau clinique et les mécanismes sont similaires. Peu de cas humains ont pour le moment été diagnostiqués, mais l’existence d’un modèle canin spontané pourrait améliorer la compréhension de la maladie et la prise en charge des patients. Les résultats obtenus chez le chien confirment pour le moment le rôle essentiel de PITRM1 dans la survie neuronale et renforcent le lien entre le dysfonctionnement mitochondrial et la neurodégénérescence.

Jusqu’à présent, cette mutation génétique n’a été identifiée que chez la race parson russell terrier, et seuls 5 % des chiens de cette race sont porteurs récessifs. Les résultats de l’étude bénéficieront directement aux animaux puisque les tests génétiques mis au point pourront bientôt être proposés aux éleveurs afin d’identifier les individus porteurs sains et bloquer la reproduction de ces derniers, afin de ne plus produire de chiots atteints de ce nouveau trouble neurodégénératif.

 

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