jeudi, avril 25, 2024
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Lutte biologique : un champignon efficace contre Varroa le tueur d’abeilles

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Lutte biologique : un champignon efficace contre Varroa le tueur d’abeilles

Une nouvelle souche de Metarhizium brunneum, un champignon entomopathogène présent dans les sols du monde entier, permet de lutter efficacement contre Varroa destructor, l’ectoparasite dévastateur des abeilles mellifères, sans recourir à des acaricides chimiques. Contrairement aux autres souches de Metarhizium, celle-ci peut survivre dans un environnement chaud, comme dans les ruches où la température avoisine habituellement 35 °C.

 

Depuis des décennies maintenant, les populations d’abeilles mellifères sont en déclin. Pilier central de nombreux écosystèmes, cette disparition des insectes pollinisateurs inquiète. L’un des principaux responsables serait l’ectoparasite Varroa destructor. Loin devant les autres facteurs comme les pesticides, le stress, les agents pathogènes qui déciment les populations d’abeilles et d’insectes en général, cet acarien est la cause la plus fréquemment identifiée par les apiculteurs confrontés à la perte de leurs colonies.

Varroa destructor se nourrit d’abeilles mellifères adultes et immatures en perforant leur exosquelette à l’aide de ses pièces buccales acérées et en consommant leurs tissus par digestion extraorale. Les abeilles, fortement affaiblies, sont moins efficaces dans leur recherche de nourriture, davantage sujettes aux infections et meurent précocement. De plus, les abeilles infectées par Varroa dérivent vers les ruches voisines, introduisant l’acarien et les virus associés dans les colonies non infectées. Cela est particulièrement problématique pour l’apiculture commerciale, lorsque des milliers de ruches appartenant à différents apiculteurs provenant de zones différentes sont entassées de façon saisonnière dans les vergers et les champs cultivés.

En l’absence de traitement, les colonies infectées par Varroa ont une durée de vie moyenne d’un à trois ans. Ces parasites sont donc considérés comme la plus grande menace pour l’apiculture à l’échelle mondiale. Par transposition, ils mettent en péril les cultures globales qui dépendent de la pollinisation, ce qui représente, économiquement parlant, quelque 238 milliards de dollars.

Actuellement, les apiculteurs dépendent largement des acaricides chimiques pour lutter contre Varroa malgré le danger de ces produits chimiques pour les abeilles, les autres insectes et les écosystèmes dans leur ensemble, sans oublier les phénomènes de résistances développés par le parasite. De plus, les interactions entre différents acaricides chimiques peuvent augmenter leur toxicité pour les abeilles. À la recherche d’une solution alternative, les chercheurs ont envisagé la création d’une souche du champignon Metarhizium spécifiquement destinée au contrôle de Varroa. En effet, les mitospores de ce champignon entomopathogène ont montré leur efficacité pour l’éliminer au sein des ruchers où il prolifère. Leur adhésion et leur germination sur l’acarien sont suivies de la pénétration des hyphes à travers son exosquelette qui entraîne une prolifération dans les tissus internes, le tuant de l’intérieur. Les abeilles présentant une immunité élevée contre les spores, l’utilisation de ces champignons est donc une manière sûre et naturelle de lutter contre le nuisible dévastateur.

Mais souvent ce traitement coûte cher et les mycètes ne survivent pas longtemps dans les ruches qui sont un environnement trop chaud pour eux. En effet, les températures moyennes y oscillent généralement autour de 35 °C. Mais grâce à une sélection évolutive dirigée, l’équipe de recherche a réussi à créer une nouvelle souche de Metarhizium plus résistante à la chaleur. Metarhizium brunneum peut non seulement survivre à des températures plus élevées, mais elle a été sélectionnée pour sa virulence contre Varroa. Les chercheurs espèrent que le champignon sera approuvé par l’Environmental Protection Agency comme agent de lutte biologique afin que, dans les dix années à venir, cet acaricide naturel remplace en grande partie les produits chimiques et que le parasite Varroa ne soit plus qu’un mauvais souvenir.

 

 

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