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Santé animale : le maillage vétérinaire sanitaire est plutôt satisfaisant, selon le CGAAER

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Santé animale : le maillage vétérinaire sanitaire est plutôt satisfaisant, selon le CGAAER

Dans une synthèse publiée le 18 janvier*, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) passe en revue les apports de trois activités vétérinaires encadrées par l’État au maillage du territoire national. Chacune de ces activités (prescription de médicaments hors examen clinique, visite d’élevage obligatoire, prophylaxie collective) a déjà fait l’objet d’un rapport** dédié, tandis qu’une étude*** a comparé les performances du dispositif sanitaire français à celles de six États membres de l’Union européenne. Dans sa note de synthèse, après un bilan de ces récents travaux, le CGAAER envisage les perspectives du maintien de la surveillance sanitaire en France, notamment via le réseau des cabinets ruraux.

 

Selon l’état des lieux du CGAAER, les activités sanitaires des vétérinaires ruraux font face à un certain nombre d’évolutions :

  • les élevages bovins, qui ne cessent de diminuer (- 40 000 en 15 ans), fonctionnement sur un mode individuel, avec un vétérinaire traitant local rémunéré par l’éleveur ;
  • les éleveurs ont gagné en compétences techniques et beaucoup d’entre eux assument la gestion sanitaire de leur troupeau. Toutefois, le recours au vétérinaire diffère selon le type d’exploitation : en hors sol il travaille sur la prévention des maladies, en élevage laitier il est souvent remplacé par un technicien, en élevage allaitant il est sollicité en “pompier” pour des actes de chirurgie ;
  • les structures vétérinaires privilégient dorénavant le fonctionnement en association, avec une spécialisation des praticiens au sein d’une même clientèle ;
  • la notion d’intérêt public est moins ancrée chez les jeunes générations, qui se désengagent des missions pour le compte de l’État, sans doute en lien avec une mauvaise assimilation de la réforme du statut du vétérinaire (traitant, sanitaire ou habilité, mandaté) ;
  • la désaffection des vétérinaires pour l’exercice rural, perçu comme plus contraignant et moins rémunérateur, s’amplifie ;
  • la part de l’activité rurale dans le chiffre d’affaires global de la profession vétérinaire connaît un fort recul, passant de 90 % au début des années 60 à moins de 20 % aujourd’hui. Le revenu du cabinet rural se répartit actuellement entre les actes médicaux et la vente de médicaments vétérinaires, avec dans certains cas une part grandissante du conseil en élevage (jusqu’à 30 %) ;
  • l’administration vétérinaire fait face en parallèle à une réduction de ses moyens dédiés à la surveillance de la santé animale en lien avec les problématiques de santé publique.

 

veterinaire sanitaire ruralDans ce contexte, le nombre d’élevages rapporté à celui des personnels vétérinaires et para-vétérinaires potentiellement associés à la surveillance des filières animales au quotidien place dans le trio de tête le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la France (ratio de 4, 6, et 9 élevages par acteur public ou privé), devant l’Italie, le Danemark et l’Allemagne (11, 14 et 17). En revanche, si l’on rapporte les effectifs de vétérinaires sanitaires au cheptel français (total des unités gros bétail ou UGB), la Pologne et l’Allemagne affichent une charge de travail moindre (18 772 et 19 000 UGB par vétérinaire) que la France et les Pays-Bas, en situation plus critique (respectivement 52 469 et 64 648 UGB/vétérinaire).

Ainsi, même si le nombre de vétérinaires publics est moins important en France que dans d’autres pays comme l’Italie ou l’Allemagne, les effectifs globaux de vétérinaires et de para-vétérinaires disponibles pour la surveillance sanitaire des élevages sont « plutôt satisfaisants » et adaptés aux besoins, conclut le CGAAER. Toutefois, face au faible nombre de vétérinaires d’État par rapport au cheptel français, il redoute que « cette ressource publique ne soit pas suffisante pour la gestion des crises sanitaires ». Pourtant, le « modèle de gouvernance sanitaire retenu par la France, avec un partenariat public-privé », reste le plus performant.

 

« 14,4 milliards d’euros d’exportations annuelles d’animaux vivants, de denrées d’origine animale et de matériel génétique animal reposent sur le statut sanitaire de la France et sur la fiabilité de ses réseaux sanitaires »

 

Le conseil fait également le bilan de la contribution des activités vétérinaires encadrées par l’État au maillage territorial et envisage pour chacune les perspectives d’avenir :

  • la prescription de médicaments sans examen clinique préalable, conditionnée à un suivi sanitaire permanent de l’élevage par le vétérinaire, s’est généralisée à toutes les filières de production. Les cabinets ruraux tirent de la vente des médicaments un revenu qui, le plus souvent, représente la moitié de leur chiffre d’affaires. Mais les vétérinaires n’ont pas suffisamment utilisé ce dispositif pour « investir le domaine du conseil sanitaire en élevage », déplore le CGAAER. Quant aux éleveurs, ils subissent ce suivi sans y voir « un outil d’amélioration de la situation sanitaire globale de leur élevage ». L’objectif est alors de créer un « partenariat renouvelé entre l’éleveur et le vétérinaire, non limité à la prescription-délivrance des médicaments, mais couvrant la totalité du domaine sanitaire », afin de confirmer l’éleveur « dans sa responsabilité de premier acteur de la santé de son troupeau » et de rééquilibrer les revenus du vétérinaire grâce au conseil technique et à une approche de la pathologie fondée sur les facteurs de risque.
  • les visites d’élevage obligatoires coûtent à l’État environ 14 millions d’euros par an. Les visites sanitaires bovines (180 000 élevages) représentent l’essentiel de ce coût, loin devant les visites avicoles et porcines (40 000 élevages). Toutefois, leur rémunération ne parvient pas « à compenser un maillage territorial défaillant ». Mais plus que leur contribution au maillage, les visites sanitaires doivent contribuer au renforcement et à l’efficacité du lien entre vétérinaires, éleveurs et administration. Pour cela, trois axes d’action sont avancés : une redéfinition de leurs objectifs, une mise en place d’indicateurs de suivi, une mise en œuvre pratique et un contrôle de leur exécution. Le but est aussi d’améliorer le niveau sanitaire collectif via une valorisation des données collectées.
  • les prophylaxies collectives échappent aux vétérinaires. Actuellement, leur part dans le revenu du cabinet rural varie entre 1 et 5 % du chiffre d’affaires et elles représentent une petite fraction des charges des éleveurs. Pourtant, le statut sanitaire des cheptels est un prérequis et une garantie permettant de vendre tant en France qu’en Europe.

 

En conclusion, il faudrait « remettre la santé publique vétérinaire et le rôle du sanitaire dans la compétitivité de la ferme France au cœur du cursus de formation » des jeunes vétérinaires. De même, « la circulation des données sanitaires avec un bénéfice collectif renforcé reste un projet non abouti » qu’il conviendrait de relancer.

 

* Note de synthèse n° 16119 : maillage vétérinaire et santé animale, publiée le 18 janvier 2017, http://www.agriculture.gouv.fr/telecharger/83444?token=5f3b68edf27b22e32106a5f16233113a

** http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/cgaaer_15040_2016_rapport.pdf

http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/cgaaer_15055_2016_rapport.pdf

http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/cgaaer_15046_2015_rapport.pdf

*** http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/cgaaer_14072_2016_rapport.pdf

 

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