mardi, mars 19, 2024
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Retraite et fin de vie des équidés : comment répondre aux besoins futurs ?

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Retraite et fin de vie des équidés : comment répondre aux besoins futurs ?

Malgré un cheptel qui tend à diminuer actuellement, la démocratisation de l’équitation dans les années 1990-2000 a augmenté la population équine française. Aujourd’hui vieillissants, ces chevaux sont, pour la plupart, à la retraite chez leur propriétaire. Il est important d’informer tant les acteurs actuels que futurs des procédures de gestion de la retraite des chevaux, ainsi que des coûts engendrés, pour éviter des situations où le bien-être animal est mis à mal. Une réflexion a été entamée pour améliorer les conditions de fin de vie des équidés.       

 

Aujourd’hui, la France compte 1,05 million d’équidés sur son territoire (66 % de chevaux de selle et de poneys, 15 % de chevaux de course, 10 % d’ânes et 7 % de chevaux de trait). C’est 10 % de moins qu’en 2008. Mais la population équine n’a pas toujours été en baisse. Les années 1990 puis 2000 ont connu une croissance importante des naissances, du fait de la démocratisation des sports équestres.

Ces chevaux, maintenant vieillissants, partent à la retraite en nombre. Leur effectif a ainsi fortement progressé, passant d’environ 130 000 individus en 2008 à près de 160 000 en 2019. Cette situation devrait perdurer jusqu’en 2023, puis la baisse générale du cheptel devrait être ressentie au niveau du nombre des mises à la retraite.

 

Quelle retraite pour les chevaux ?

Plus de la moitié des équidés retraités sont âgés de 20 ans et plus. Cependant, il n’est pas rare de voir des chevaux encore jeunes être seulement partiellement actifs, ou au contraire d’autres plus âgés être maintenus en activité.

La plupart de ces chevaux vieillissants sont hébergés chez leur propriétaire (huit sur dix). Or, ce sont rarement des professionnels de la filière et ils adoptent souvent des pratiques empiriques pour gérer la retraite de leurs animaux, ce qui peut avoir un impact négatif sur leur bien-être. Même si cette solution est la moins onéreuse (il faut compter environ 100 € par mois), les propriétaires ne disposent pas toujours des surfaces, des installations ou des connaissances adéquates pour accueillir un ou des équidés.

L’autre option, la mise en pension chez un professionnel, concerne un peu plus d’un cheval sur dix. Plus coûteuse (entre 200 et 400 € par mois), cette solution permet d’adapter la prise en charge à chaque animal et d’assurer son bien-être. Sur les 10 000 établissements équestres en France, environ 4 500 proposent une pension retraite. Mais environ 22 000 places dans ces structures restent inoccupées, car les propriétaires hésitent à éloigner leurs chevaux. Ainsi, 90 % d’entre eux sont hébergés à moins d’une heure de trajet du domicile de leur détenteur.

Cependant, les pensions spécialisées dans la retraite sont encore peu nombreuses. À peine une cinquantaine d’établissements sont recensés. Ils offrent des prestations spécifiques, comme une complémentation de l’alimentation, individualisée si nécessaire, même pour une pension au pré. La responsabilité des gérants y est également accrue, car les propriétaires, très peu présents, leur délèguent totalement la surveillance et les soins. Ces centres comptent en moyenne trente à trente-cinq places, dont cinq demeurent vacantes.

 

Aujourd’hui vieillissants, ces chevaux sont, pour la plupart, à la retraite chez leur propriétaire. Il est important d’informer autant les acteurs actuels que futures des procédures de gestion de la retraite des chevaux ainsi que les couts engendrés pour éviter des situations où le bien-être des animaux est mis à mal

 

L’impact économique des chevaux à la retraite

Ce qui ressort de ces chiffres, c’est qu’un cheval à la retraite représente un coût non négligeable pour son propriétaire. Globalement, selon les estimations, le coût de la fin de vie des équidés atteindrait près d’un demi-milliard d’euros chaque année. Le chiffre d’affaires annuel dégagé par les chevaux à la retraite est estimé à environ 200 millions d’euros, dont près de 50 millions issus des mises en pension.

Et c’est sans compter avec le patrimoine immobilier et foncier mobilisé pour loger ces chevaux. En effet, 60 % des équidés retraités sont hébergés au pré à l’année et 35 % bénéficient d’une formule mixte, au pré et au box ou en stabulation. La mise à la retraite nécessite ainsi des prairies permanentes, à raison d’un hectare par cheval.

L’augmentation du cheptel de chevaux à la retraite d’ici dix ans devrait doubler le chiffre d’affaires total annuel, mais également créer des emplois supplémentaires. Sur la base de 4,8 heures mensuelles nécessaires par cheval retraité, 20 000 équidés de plus en pension pourraient engendrer un besoin de quelque 700 emplois.

Par la suite, même si le cheptel d’équidés retraités est amené à se réduire inévitablement, cette décroissance ne touchera pas les différents modes d’hébergement de la même manière. Si le nombre de retraités hébergés à domicile devrait connaître une baisse marquée, celui des équidés à la retraite en pension devrait progresser de 15 000 à 20 000 individus d’ici à 2030. Au vu des places disponibles, cet afflux ne devrait pas poser de problèmes d’accueil aux structures professionnelles, si leur nombre reste constant.

 

Aujourd’hui vieillissants, ces chevaux sont, pour la plupart, à la retraite chez leur propriétaire. Il est important d’informer autant les acteurs actuels que futures des procédures de gestion de la retraite des chevaux ainsi que les couts engendrés pour éviter des situations où le bien-être des animaux est mis à mal

 

Les choix de fin de vie lorsque la retraite n’est pas une option

Tous les propriétaires ne choisissent pas de placer leur compagnon à la retraite. Pendant longtemps, l’une des solutions offertes était l’abattage des animaux pour la consommation humaine. Mais cette pratique est vouée à disparaître graduellement en France.

Malgré une hausse entre 2009 et 2013, le nombre de chevaux abattus a été divisé par deux entre 2008 et 2019, passant d’un peu plus de 16 000 à près de 8 000 animaux. Cette tendance va perdurer. En tablant sur un recul de la consommation de l’ordre de 12 % par an et une baisse du nombre de chevaux abattus d’environ 9 % par an, le nombre d’équidés abattus en 2030 est estimé entre 2 000 et 4 000 individus.

Cette tendance à la diminution laisse à penser que, dans quelques années, la consommation de viande de cheval sera anecdotique en France. Si une filière bouchère des chevaux lourds subsistera pour les débouchés à l’exportation, l’abattage des chevaux de réforme ne constituera plus une option de fin de vie pour les équidés de France dans une dizaine d’années.

Il est probable que les chevaux qui ne seront pas envoyés à l’abattoir seront soit euthanasiés, soit gardés à la retraite. Une baisse à 2 000 abattages par an entraînerait une hausse du cheptel de 9 500 équidés en 2030. Même si certains de ces équidés supplémentaires seront assumés volontairement par leur propriétaire, d’autres seront qualifiés a priori “d’indésirables” et resteront à la charge d’un propriétaire qui ne souhaite pas s’en occuper, et pour qui l’impact financier pourrait être important. Une situation qui ne présage rien de bon pour l’animal.

En solution alternative à la chaîne alimentaire et à l’entretien coûteux d’un cheval inactif, la question de l’euthanasie de convenance est déjà régulièrement évoquée. Il est actuellement difficile de poser des règles juridiques pour préciser le degré de légalité de cette pratique. L’article R.242-48 du Code rural précise cependant qu’un vétérinaire « peut refuser de prodiguer ses soins pour tout motif légitime ».

De telles demandes risquent de se multiplier à l’avenir, et les pressions sur les vétérinaires seront alors plus fortes. Il serait utile que la profession vétérinaire équine s’empare du sujet et conduise une réflexion collective pour ne pas laisser les praticiens seuls face à des demandes de ce type, qui peuvent heurter leur déontologie professionnelle. Cette réflexion est déjà menée pour les animaux de compagnie. 

 

Aujourd’hui vieillissants, ces chevaux sont, pour la plupart, à la retraite chez leur propriétaire. Il est important d’informer autant les acteurs actuels que futures des procédures de gestion de la retraite des chevaux ainsi que les couts engendrés pour éviter des situations où le bien-être des animaux est mis à mal

La difficile gestion de la fin de vie des équidés

Ce ne sont pas les seules difficultés auxquelles la filière va devoir faire face en matière de gestion de la fin de vie des équidés. Même les propriétaires avertis sont parfois surpris par les coûts ou la complexité des procédures.

C’est le cas pour l’équarrissage, avec 20 % des propriétaires qui souhaitent voir évoluer cette procédure de fin de vie. Un tiers d’entre eux reprochent un délai d’enlèvement du cadavre trop long et 20 % trouvent les formalités administratives trop complexes. Le coût est parfois critiqué, en particulier par des propriétaires qui veulent avoir recours à l’incinération. Plus anecdotiquement, quelques-uns aimeraient avoir accès à un autre mode d’euthanasie, comme c’est le cas dans certains pays anglo-saxons.

Certains de ces écueils entraînent des conditions de fin de vie qui mettent en péril le bien-être animal. En effet, les chevaux à la retraite ne sont, pour la plupart, pas encadrés par des professionnels. Les chevaux sont parfois hébergés dans des conditions qui ne sont pas optimales pour leur bien-être, voire sont en manque cruel de soins. Ces situations seront de plus en plus courantes avec la diminution des abattages de chevaux en France, à l’exemple de ce qui s’est passé dans d’autres pays.

Ces conditions empirent avec la croissance des dons d’équidés recensés par l’Observatoire économique et social du cheval. Ils représentaient, en 2017, plus de 6 % des échanges d’équidés. S’il part d’une bonne intention, le don facilite l’accès à la propriété d’un équidé à des personnes n’ayant pas les connaissances nécessaires ou les moyens financiers suffisants au bon entretien d’un tel animal. Inévitablement, cela favorise une hausse des cas de négligence ou des abandons par la suite. Les associations de protection animale constatent déjà une augmentation du nombre de leurs pensionnaires ces dernières années.

 

Aujourd’hui vieillissants, ces chevaux sont, pour la plupart, à la retraite chez leur propriétaire. Il est important d’informer autant les acteurs actuels que futures des procédures de gestion de la retraite des chevaux ainsi que les couts engendrés pour éviter des situations où le bien-être des animaux est mis à mal

 

Comment améliorer les conditions de fin de vie dans la filière équine ?

La responsabilisation et l’apport de conseils sur les soins à apporter aux animaux permettent le plus souvent de remédier à ces manquements.

L’une des pistes de réflexion pour l’ensemble de la filière serait de mettre l’accent sur la formation technique des propriétaires, notamment via la mise en place d’un permis de détention. Cela afin de limiter les cas de négligence, en insistant sur les coûts d’entretien et de soins pour un cheval âgé. Il faut que les propriétaires aient des références afin d’anticiper les frais nécessaires pour entretenir un équidé à la retraite.

Il convient également de créer un dispositif d’accueil pour les chevaux qui n’ont plus de détenteur ou qui ont été retirés à leur propriétaire par décision de justice, mais également pour ceux dont les propriétaires ont du mal à payer une pension de plus de 2 000 € par an, et qui de ce fait pourraient être responsables de négligences.

Les autorités sont également favorables à la création de ces “havres de vie” pour recueillir les animaux abandonnés, maltraités ou saisis par la justice, en association avec la création d’une fondation reconnue d’utilité publique pour la protection des équidés, en soutien aux associations qui œuvrent déjà sur le terrain. Plusieurs pistes sont d’ores et déjà identifiées par le député Loïc Dombreval à ce sujet.

En complément, les instances proposent également de renforcer l’identification des équidés pour mieux suivre les animaux, tout en consolidant et en développant le pouvoir de contrôle des agents. Si l’identification est déjà obligatoire, tout comme la déclaration de détention d’équidés, le dispositif n’est pas encore optimal.

Informer les propriétaires, présents comme futurs, du coût réel des chevaux âgés et des dispositifs d’accueil, renforcer l’identification et les contrôles et créer une fondation pour la protection des équidés permettrait d’éviter les situations de négligence et d’assurer aux chevaux en fin de vie des conditions de détention compatibles avec le bien-être animal.

 

 

10 Commentaires

  1. Les associations de protection animale ne peuvent plus prendre en charge les chevaux à la retraite. Aucune idée. Mais attention au don contre bons soins qui finissent à l’abattoir !

  2. Bonjour .j aimerai savoir ou et qui pourrait accepter un cheval entier de 28 ans .il est à la retraite il fait encore des balades .j ai des soucis de santé et il a encore toutes ses forces .et n arrive plus à subvenir à sa pension et soin .
    Il est adorable .24 années de partage .merci de m orienter ou me donner une adresse .je suis en Moselle du côté de Metz .merci pour votre aide

  3. Bonjour
    J’habite en Côtes d’Armor à la limite de l’Ille et Vilaine, je suis à la recherche, en tant que bénévole, d’un refuge pour équidés.
    Auriez vous des pistes à me soumettre ?
    Merci d’avance. Cordialement. M. Sollier

  4. Nous avons un refuge pour équidés et je confirme que depuis une dizaine d année on subit l arrivée en masse de chevaux de 20 ans et plus que les proprios abandonnent car devenus inutiles!!!

  5. Sur le fond, je suis assez eh phase avec cet article. Pour ce qui est de la forme, la grammaire est à revoir, les fautes de conjugaison étant légion dans ce texte .

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