Un scientifique américain a publié cette semaine une synthèse de l’ensemble des connaissances disponibles sur l’intelligence, le comportement social et les émotions chez la poule. Cet état des lieux nous présente une volaille qui n’est ni une écervelée, ni une cervelle d’oiseau, comme sa réputation voudrait le laisser croire. À l’instar de nombreux oiseaux ou mammifères, la poule est intelligente, capable d’éprouver des émotions complexes et possède une personnalité propre. Avec une population qui dépasse les 52 milliards de têtes au niveau mondial, très loin devant le canard, le porc ou le lapin, la poule est présente sur tous les continents. Au final, il y a sept fois plus de poules que d’hommes sur Terre ! Et pourtant, ses capacités restent largement sous-estimées et méconnues.
En termes de niveau d’intelligence, de sophistication émotionnelle et d’interactions sociales, la poule domestique peut rivaliser avec nombre d’oiseaux et de mammifères considérés comme particulièrement intelligents. Ses capacités sont bien plus complexes que les travaux de recherche l’ont démontré jusqu’ici et méritent d’être davantage explorées à l’avenir.
> Pour preuve, la poule possède une mémoire visuelle, le sens de l’orientation spatiale et de l’observation, des capacités sans doute fondées sur la représentation mentale. Elle est capable de comprendre que quelque chose existe même hors de son champ de vision (permanence de l’objet) et de reconnaître des objets partiellement ou totalement cachés.
> La poule possède une certaine compréhension de la numération et partage certaines capacités arithmétiques de base avec d’autres animaux. Elle fait la distinction entre des quantités en effectuant un calcul simple (addition ou soustraction jusqu’à 5) et peut placer des quantités dans une série.
> La poule fait preuve de self-control (renonce à une récompense immédiate pour une récompense ultérieure plus importante) et d’auto-évaluation par rapport à ses congénères (évalue sa position dans la hiérarchie sociale), deux capacités qui indiquent une conscience de soi et de l’autre.
> La poule a la capacité de raisonner et de faire des déductions logiques. Par exemple, elle est capable d’inférence transitive (intelligence temporelle et numérique), un type de raisonnement déductif développé par l’enfant vers l’âge de sept ans.
> La poule peut percevoir des intervalles de temps et est capable d’anticiper les événements futurs.
> La poule adopte des comportements sophistiqués dans le cadre des interactions sociales. Placée dans des situations qui demandent de résoudre des problèmes ou de prendre des décisions, elle est capable de discrimination entre les individus, de manipulation et de stratégie de type machiavélique, et apprend en observant ses congénères de façon complexe et similaire à l’homme.
> La poule éprouve toute une gamme d’émotions négatives et positives complexes (peur, anticipation, anxiété, etc.). Elle montre une forme d’empathie appelée contagion émotionnelle.
> Chaque poule a une personnalité distincte. Par exemple, le caractère maternel d’une mère poule va influer sur le comportement de ses poussins. Chez le coq, la personnalité joue un rôle majeur dans l’issue des combats pour le statut social.
De tels résultats appellent à poursuivre l’exploration de la complexité éthologique des poules, mais aussi à changer de point de vue sur la psychologie de ces animaux, afin de disposer de données encore plus précises et plus riches et de mieux les connaître.
* http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10071-016-1064-4