Le bisphénol A, utilisé pour la fabrication de plastiques et de résines, est également présent dans les boîtes de conserve d’aliments pour chiens. Des concentrations significatives de cette substance chimique ont été retrouvées dans le sérum de ces animaux, selon les conclusions d’une étude* menée par des chercheurs de l’université du Missouri, aux États-Unis. Or en raison de leur proximité avec l’homme, l’exposition des chiens au bisphénol A via les aliments en conserve pourrait avoir des implications pour la santé humaine.
Pour mener à bien cette étude, des chiens sains ont été sélectionnés après de propriétaires volontaires. Des échantillons de sang et de matières fécales ont d’abord été prélevés puis, pendant deux semaines, les chiens ont reçu deux régimes alimentaires à base de boîtes de conserve disponibles dans le commerce, dont l’un présumé sans bisphénol A. En parallèle, les boîtes métalliques et leur contenu ont été analysés pour évaluer la concentration en BPA. Au départ, tous les chiens présentaient des niveaux faibles de BPA dans le sang. Après seulement deux semaines de régime à base de conserves, ce taux de BPA a presque triplé. De même, il est apparu qu’une augmentation des concentrations sériques de bisphénol A chez les chiens suivis était corrélée à des modifications métaboliques et du microbiome intestinal. Cette hausse du taux de bisphénol A réduit également la capacité des bactéries à métaboliser le BPA et les substances chimiques environnementales associées.
Le bisphénol A est un perturbateur endocrinien dont la nocivité est reconnue et a conduit à son interdiction dans la fabrication des biberons depuis 2010 en France. La tentative des parlementaires de le supprimer de nombre de contenants alimentaires métalliques a été réduite à néant par le lobby de la chimie au nom du droit concurrentiel vis-à-vis du marché européen. Cependant, depuis le 1er janvier 2015, les aliments ne peuvent plus être en contact avec cette substance. En théorie du moins. En avril 2016, l’Association santé environnement France (Asef)**, qui regroupe des médecins, a notamment analysé des canettes et des boîtes de conserve du commerce qui contenaient encore, plus d’un an après l’interdiction, du bisphénol A, en plus des bisphénols S et F toujours autorisés et utilisés en remplacement.
La réponse ne pourra qu’être européenne, a minima. Et ce n’est pas gagné. Si les eurodéputés ont voté une résolution non contraignante le 6 octobre dernier, cette position est sujette aux attaques répétées de l’industrie du plastique, avec comme arbitre de plus en plus contesté, l’Autorité européenne de sécurité sanitaire (Efsa). En Europe et aux États-Unis, l’Efsa et le National Toxicology Program américain vont publier prochainement de nouvelles évaluations sur l’exposition au bisphénol A. Dans la foulée, l’Efsa devrait alors lancer une consultation publique sur ses travaux en cours. Mais seul le bisphénol A est concerné, alors que les autres, S et F, sont tout aussi dangereux.
* Bisphenol A (BPA) in the serum of pet dogs following short-term consumption of canned dog food and potential health consequences of exposure to BPA, Science of The Total Environment, février 2017, http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969716326274
** http://www.asef-asso.fr/presse/2740-avril-2016-du-bisphenol-a-dans-les-supermarches
*** http://www.umass.edu/newsoffice/article/plastics-compound-bps-alters-mouse-moms%E2%80%99