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Myxomatose : quand les virus deviennent plus mortels au fil du temps

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Myxomatose : quand les virus deviennent plus mortels au fil du temps

L’évolution de la myxomatose chez le lapin a souvent été prise en exemple pour démontrer qu’un virus se fait moins virulent lorsqu’il devient endémique au sein d’une population. C’est ce qu’on appelle la loi de la virulence décroissante. Mais est-ce réellement le cas pour cette maladie ?

 

La myxomatose est une maladie virale qui provoque des nodules cutanés (myxomes), des œdèmes de la tête et des paupières, des lésions au niveau des oreilles et des troubles respiratoires. Au départ, le virus en cause était si virulent qu’il décimait environ 99,8 % des lapins infectés en deux semaines seulement. Au fil du temps, cependant, le virus s’est atténué, ne tuant que 60 % des lapins infectés et sur une période plus longue. C’est à partir de ce constat que la « loi de la virulence décroissante » a été avancée, suggérant que les virus s’atténuent naturellement avec le temps pour s’assurer qu’ils ne tuent pas leurs hôtes avant d’avoir eu la chance d’être transmis à d’autres individus.

 

Le virus poxviridé MYXV incriminé a été introduit en Australie dans les années 1950 pour tenter de réguler des populations invasives de lapins non indigènes. Des scientifiques ont étudié l’évolution du virus entre 2012 et 2015 et se sont penchés sur trois variants. Il apparaît que l’évolution de ces lignées virales a favorisé l’émergence d’un phénotype amyxomateux chez les lapins, caractérisé par des lésions cutanées peu ou pas inflammatoires mais un syndrome d’effondrement immunitaire hautement mortel compatible avec une immunosuppression massive, ce qui est bien différent de ce qui a été observé au cours des premières décennies. Les auteurs interprètent ce nouveau phénotype amyxomateux comme la réponse adaptative du virus pour surmonter l’évolution de la résistance à l’infection dans la population de lapins sauvages. L’exemple classique d’une coévolution entre la virulence du virus et la résistance de l’hôte. Une transmission vectorielle efficace passe en effet par des titres élevés de virus dans les lésions cutanées chez des hôtes survivant suffisamment longtemps pour transmettre la maladie.

L’évolution de la myxomatose chez le lapin a souvent été prise en exemple pour démontrer qu’un virus se fait moins virulent lorsqu’il devient endémique au sein d’une population. C’est ce qu’on appelle la loi de la virulence décroissante. Mais est-ce réellement le cas pour cette maladie ?

 

L’un des trois variants a induit une réponse différente chez les lagomorphes : un gonflement plus important des tissus cutanés à la base des oreilles et autour des paupières, précisément là où les moustiques sont le plus susceptibles de piquer. Des zones accessibles au vecteur qui se sont révélées extrêmement riches en virus, lequel s’est montré capable de supprimer la réponse inflammatoire in situ pour assurer une importante réplication virale. Des études antérieures ont montré qu’un lapin ayant survécu à l’infection était un moins bon client à la dissémination du virus, tout comme ceux morts prématurément. L’immunosuppression induite par le virus semble donc être une adaptation évolutive de ce dernier, et surtout révèle une forte corrélation avec une virulence et une transmissibilité augmentées.

 

Alors, non, le virus de la myxomatose n’a pas faibli ces dernières décennies, il est juste entré dans une course d’adaptation évolutive avec les lignées de lapins sauvages. Une explication à la recrudescence de la mortalité observée chez les lapins depuis une vingtaine d’années.

 

 

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