Une étude menée au Kenya montre que les effets combinés du déclin de la biodiversité sauvage et du changement climatique influent sur l’abondance de tiques et donc sur le risque de maladies. À l’échelle mondiale, les tiques sont considérées comme les premiers vecteurs de maladies chez les animaux sauvages et domestiques. Rien que pour les bovins, les pertes annuelles dues aux maladies transmises par les tiques sont estimées à près de 14 milliards de dollars. Les résultats montrent que l’absence de grands mammifères a un impact très lourd sur la population de tiques dans une région donnée.
Les chercheurs ont constaté que l’abondance totale de tiques et l’abondance de tiques infectées par Coxiella burnetii et Rickettsia spp. augmentent considérablement en l’absence de tous les grands mammifères sauvages, un effet encore exacerbé dans les zones arides et à faible productivité. En moyenne, l’abondance totale des tiques double dans les zones d’exclusion totale des grands animaux par rapport aux parcelles témoins (sans restrictions quant aux animaux qui y pénètrent). L’exclusion totale de la faune augmente l’abondance totale des tiques de 130 % dans les sites à humidité modérée et de 225 % dans les sites plus secs. Ainsi, l’effet de l’absence de faune sur l’abondance des tiques va croissant à mesure que l’aridité augmente.
La prévalence des agents pathogènes isolés chez les tiques n’a pas varié significativement selon les parcelles expérimentales (exclos), le niveau des précipitations ou les espèces de tiques, ce qui suggère que le risque d’exposition aux agents pathogènes transmis par les tiques reflète les tendances observées et les estimations en matière d’abondance des tiques.
Au-delà de ces constats, il apparaît qu’une diminution des populations d’espèces sauvages entraîne une recrudescence des populations de tiques locales, augmentant potentiellement la menace de maladies infectieuses à l’échelle mondiale. Ainsi, cette étude suggère que, dans de nombreux contextes, la conservation des grands mammifères pourrait prévenir l’augmentation de l’abondance des tiques et des maladies transmises par les tiques. Elle souligne également la nécessité d’intégrer le contexte écologique lors de la prédiction des effets de la perte de la faune sur la dynamique des zoonoses.