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Maladie d’Aujeszky : un virus porcin mortel pour les chiens

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Maladie d’Aujeszky : un virus porcin mortel pour les chiens

En ce début d’année, des cas de maladie d’Aujeszky ont été détectés dans les Hautes-Alpes. L’enquête épidémiologique est en cours pour notamment déterminer l’origine de la contamination par l’herpèsvirus en cause. État des lieux sur cette maladie virale du porc qui n’est pas transmissible à l’homme, mais est en revanche mortelle pour les chiens et d’autres espèces de mammifères. Heureusement, elle reste relativement rare en France.

 

La maladie d’Aujeszky, aussi connue sous le nom de pseudo-rage chez le chien, est une maladie infectieuse des suidés sauvages et domestiques d’origine virale. Très contagieuse, ce n’est pas une zoonose, mais elle est le plus souvent mortelle pour les carnivores et les ruminants infectés. Elle fait donc partie des dangers de première catégorie pour toutes les espèces. Bien que rares, les nouveaux cas inquiètent et sont à surveiller de près.

 

Un herpèsvirus porcin en cause

La maladie d’Aujeszky est provoquée par un virus de type herpès. Elle affecte essentiellement les porcs et les sangliers. Les signes cliniques sont plus ou moins intenses, allant des troubles respiratoires à des troubles de la reproduction, en passant par des symptômes neurologiques. Le taux de mortalité reste faible chez les adultes (2 %), mais lorsqu’un porc est infecté, il reste porteur du virus à vie et le transmet à ses congénères via sa salive, ses sécrétions nasales et génitales.

Non transmissible à l’homme, ce virus peut toutefois accidentellement infecter d’autres espèces, notamment les chiens, les chats, les chevaux et les bovins. La contamination se fait par contacts rapprochés avec des animaux infectés ou des objets contaminés, ou encore par l’ingestion de viscères de porc ou de sanglier infectées. Chez ces espèces, la maladie est si fulgurante qu’elles ne constituent pas une source d’infection, et sont donc considérées comme des culs-de-sac épidémiologiques. Les manifestations cliniques sont variables, avec notamment l’apparition d’un changement de comportement, d’un prurit intense, d’une insuffisance respiratoire, une toux, de la fièvre, des convulsions évoluant rapidement vers la mort en 48 à 72 heures. Le tableau clinique se rapproche de celui d’une encéphalomyélite infectieuse, très proche de celui de la rage, d’où son surnom de pseudo-rage.

 

Une infection difficile à contrôler

Malheureusement, à ce jour, il n’existe pas de traitement efficace contre le virus, ni de protocole de vaccination efficace chez le chien. Les méthodes de contrôle reposent donc surtout sur la surveillance et la prévention.

Dans les années 1980, une campagne de vaccination porcine efficace et des mesures d’hygiène strictes avaient permis d’éradiquer la maladie sur la plus grande partie du territoire français. Depuis 2006, la vaccination est cependant interdite dans les régions du monde officiellement indemnes, suivant les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), afin que les tests de dépistage puissent détecter d’éventuels nouveaux cas suspects. À ce jour en effet, ces tests ne permettent pas de faire la différence entre les animaux vaccinés et infectés.

La protection des élevages repose donc sur une politique active de prévention par la mise en œuvre de mesures de biosécurité strictes, par des installations permettant d’éviter tout contact physique avec des foyers dans les populations de sangliers, et des normes sanitaires d’exportation et d’importation rigoureuses. Mais la limitation de la diffusion de la maladie d’Aujeszky en élevage s’appuie avant tout sur la vigilance et l’alerte précoce et rapide des éleveurs et des vétérinaires. À ce titre, une surveillance clinique et sérologique est obligatoire tous les trimestres dans les élevages de reproducteurs et une fois par an dans ceux de plein air.

En cas de suspicion clinique, l’élevage est placé sous arrêté préfectoral de mise sous surveillance (APMS). Cela entraîne notamment une interdiction de mouvements des animaux en provenance et à destination de l’élevage en attendant que son statut soit précisé dans le cadre d’une enquête épidémiologique. En cas de confirmation, l’élevage est placé sous arrêté préfectoral portant déclaration d’infection (APDI) qui prévoit l’abattage de tous les porcs, ainsi que la destruction des produits dérivés, le nettoyage et la désinfection des locaux et du matériel, et une enquête épidémiologique dans les exploitations aux alentours ou celles susceptibles d’avoir eu des contacts avec l’élevage contaminé.

L’émergence de nouveaux foyers est donc prise très au sérieux. Tout est fait pour éviter que l’infection prenne trop d’ampleur. C’est pourquoi les derniers cas en France préoccupent.

 

Une multiplication des cas qui inquiète

Récemment, un élevage de porcs domestiques (11 reproducteurs et 15 porcelets) de plein air a été dépisté positif dans le cadre de la prophylaxie annuelle obligatoire (un animal positif sur 17 testés) à Vars dans les Hautes-Alpes. Ces cas s’ajoutent à ceux confirmés en 2018 dans un élevage de porcs de plein air dans les Pyrénées-Atlantiques, à deux foyers en avril 2019 dans des élevages d’engraissement de plein air dans les Alpes de Haute-Provence et dans le Vaucluse, à un en décembre 2019 en Haute-Garonne suivi de trois autres foyers en 2020 dans des élevages de sangliers de l’Allier.

Tous ces foyers sont encore peu nombreux, mais c’est la première résurgence de la maladie sur le territoire français depuis septembre 2010. La France métropolitaine avait été reconnue indemne de maladie d’Aujeszky dans les élevages porcins par la décision 2008/185/CE1 et la vaccination n’y était donc plus pratiquée, comme dans de nombreux autres pays de l’Union européenne.

Cette multiplication des cas inquiète donc. Les éleveurs risquent gros puisque dès qu’un animal est infecté, tout l’élevage est abattu. Un vide sanitaire doit ensuite être respecté avant la reprise de l’activité, ce qui constitue un coup dur pour la filière. Les chasseurs sont eux aussi concernés, car leurs chiens sont particulièrement exposés au virus. En effet, la maladie continue de circuler chez les suidés sauvages. Une étude menée entre 2000 et 2004 montre que, sur le territoire national, en moyenne, 6 % des sangliers de plus d’un an sont porteurs du virus, ce qui expliquerait les contaminations sporadiques dans les élevages français. L’apparition de ces nouveaux cas en élevage pourrait être révélatrice d’une circulation virale grandissante au sein des populations sauvages. À ce jour, 30 % des sangliers seraient séropositifs, selon les estimations. La vigilance s’impose donc, pour éviter une perte de contrôle épidémique dans le futur.

 

 

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