L’année dernière, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) publiait son rapport sur la gestion de fin de vie des équidés, prônant au passage le recours aux abattoirs. Au même moment naissait une polémique, partie des déclarations favorables à cette issue de certains administrateurs de l’Association vétérinaire équine française, lors des assises de la filière équine à Caen. Le Dr Jean-Yves Gauchot, président de l’Avef, revient sur la position des vétérinaires équins concernant les thèmes qui touchent au bien-être des équidés.
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L’Association vétérinaire équine française (Avef) a diffusé un communiqué de presse pour dénoncer l’affaire de l’abattoir d’Alès. Pourquoi est-ce la seule organisation professionnelle vétérinaire à l’avoir fait ? Et quelle est aujourd’hui la position de son conseil d’administration sur la fin de vie des équidés, après un an de désaccords sur le sujet ?
La profession vétérinaire est unanime pour dénoncer les mauvaises pratiques en abattoir, sans pour autant stigmatiser toute la filière. L’Avef a réagi parce que les scandales relatifs à la maltraitance des équidés, notamment en fin de vie, se succèdent. Il est légitime que notre association, qui représente les professionnels vétérinaires, prenne position et accompagne les débats sociétaux sur ce thème.
Si l’Avef est particulièrement vigilante et active sur la période de fin de vie des chevaux, c’est parce que les praticiens, sur le terrain, sont régulièrement confrontés à la déshérence des équidés de réforme. Notre positionnement a été mal interprété, on a voulu nous faire dire que l’abattoir était l’unique solution pour réduire les abandons de chevaux. Notre dernier communiqué fait une mise au point sur le sujet.
Le bien-être des équidés semble être dorénavant une priorité pour l’Avef. Douleur, maltraitance, vétérinaires sentinelles, etc., comment tout cela est-il appréhendé concrètement au quotidien par le praticien équin et l’association ?
Quant à l’Avef, elle s’est clairement positionnée sur plusieurs sujets de maltraitance. Ainsi, les scandales des pratiques mafieuses de l’endurance ont été dénoncés avec force. Nous avons porté plainte contre X afin de soutenir les vétérinaires de la discipline et pour que le public ne se trompe pas de cible. En endurance, les vétérinaires sont les garants du bien-être animal et ils ont été des lanceurs d’alerte lors des dérives.
L’Avef s’est également positionnée sur la pose de guêtres trop serrées sur les postérieurs des chevaux d’obstacle. La mise en place de ces boots sert de moyen de dopage mécanique pour augmenter les capacités de saut, mais cela provoque des affections comme l’hypertension dorsolombaire et l’hyper-extension de l’extrémité des membres.
Dans la problématique de la fin de vie, polluée par les débats des végans et autres antispécistes, nous tentons d’alerter et de faire évoluer les choses afin de respecter les conditions de bien-être animal, mais aussi d’assurer une traçabilité médicamenteuse correcte, sans principe de précaution excessif et contre-productif.
Si les scandales sur la viande de cheval se succèdent, c’est parce les contrôles sont désormais efficaces. Il faut s’en réjouir, car c’est la preuve qu’en termes sanitaires nous ne sommes pas déficients. Mais le fond du problème réside dans le fait que l’Europe n’a pas su, à ce jour, adapter sa réglementation de façon cohérente pour la filière de fin de vie lorsque la destination bouchère est choisie. De trop nombreux détenteurs d’équidés, au moment de la réforme, sont irresponsables et se débarrassent de leurs vieux chevaux de manière hypocrite, alimentant un trafic facile pour les acteurs véreux. L’Europe est immature sur ce sujet, car elle autorise l’importation de chevaux des pays tiers, avec un temps d’attente forfaitaire de six mois, mais contraint ses États membres à des règles beaucoup plus strictes en termes de traçabilité médicamenteuse.
L’Avef milite depuis deux ans pour un assouplissement des règles liées au médicament, notamment concernant les molécules dépourvues de limites maximales de résidus (LMR). Pourquoi ? Cela ne peut-il être interprété comme une certaine permissivité médicamenteuse dans la filière de la viande chevaline ?
Il a des bases scientifiques avérées qui permettraient désormais, pour de nombreux médicaments beaucoup utilisés dans la filière équine, de lever l’exclusion bouchère définitive. Paradoxalement, ce principe est déjà appliqué aux équidés importés des pays tiers. En termes de traçabilité, il faut aller encore plus loin, c’est ce que nous indiquons dans notre communiqué.
Vous allez quitter la présidence de l’Avef, après un record de longévité. Quel bilan tirez-vous de ces années ? Qu’est-ce qui a changé dans les orientations stratégiques et politiques de l’association ? Vous êtes aussi le premier président praticien mixte, et non 100 % équin, était-ce un atout ?