Des chercheurs américains et britanniques ont développé un nouveau vaccin contre la grippe équine, à la fois plus sûr et plus efficace que les vaccins existants, qui n’ont pas évolué depuis près d’un quart de siècle. Leur étude, parue dans la revue Virology, vise à mettre à jour la vaccination contre cette maladie infectieuse particulièrement contagieuse qui sévit en Europe et en Amérique du Nord, afin de mieux prévenir et contrôler la circulation du virus grippal chez le cheval… mais pas seulement.
L’influenza A de sous-type H3N8 (AE-2) circule actuellement chez les équidés en Europe et en Amérique du Nord, où la maladie est endémique. Les chevaux voyagent souvent sur de longues distances pour participer à des compétitions équestres ou à des présentations d’élevage. Or il suffit d’un cheval infecté, introduit au sein d’une population équine réceptive non vaccinée, pour voir le virus grippal se propager rapidement. Des flambées de grippe surviennent ainsi périodiquement et la maladie se diffuse rapidement à la faveur des mouvements de chevaux. Dans le monde entier, seul le virus grippal AE-2 a été isolé au cours des vingt dernières années.
Le nouveau vaccin équin, mis au point par une technique de génie génétique appelée génétique inverse, est un vaccin vivant atténué. Des recherches antérieures ont montré que les vaccins vivants atténués offrent de meilleures réponses immunitaires et des périodes de protection plus longues que les vaccins inactivés ou tués (comme le vaccin antigrippal traditionnel). Administré par voie intranasale, il est conçu pour stopper le virus dès la zone d’entrée dans le corps du cheval, le nez, en l’empêchant de s’introduire plus avant dans les voies respiratoires et d’atteindre les poumons. Testé chez la souris et le cheval, une seule pulvérisation vaccinale a permis d’induire une protection contre le virus de la grippe équine H3N8 actuellement en circulation. Le vaccin, bien toléré, n’a entraîné aucun effet secondaire. Les chevaux vaccinés n’ont présenté aucun des signes cliniques de la maladie (écoulements nasaux, toux, fièvre) lorsqu’ils ont été naturellement exposés au virus grippal.
Certes, cet essai n’inclut que six chevaux, mais la planification d’une étude plus vaste est d’ores et déjà en cours. L’utilisation de la génétique inverse pour créer le nouveau vaccin équin lui confère en outre un atout supplémentaire : il peut être mis à jour rapidement et facilement pour s’adapter aux nouvelles souches virales émergentes ou dérivées. Les vaccins équins traditionnels, qui sont fabriqués dans des œufs, prennent des mois à produire et ne permettent pas d’actualiser leur composition avec une telle flexibilité.