samedi, avril 20, 2024
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Vétérinaire adjoint : le débat sur ce nouvel échelon est lancé aux États-Unis et suscite déjà la controverse

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Vétérinaire adjoint : le débat sur ce nouvel échelon est lancé aux États-Unis et suscite déjà la controverse

L’université du Colorado vient de lancer un pavé dans la mare qui n’a pas fini de faire des vagues. Dans le cadre de l’évolution nécessaire de la profession vétérinaire outre-Atlantique, la solution proposée pourrait bien influer sur son devenir. L’idée, qui fait débat, est de créer un échelon professionnel intermédiaire, entre l’ASV et le docteur vétérinaire, comparable au médecin assistant ou à l’infirmière praticienne en médecine humaine. Un projet que la profession outre-Atlantique aimerait bien laisser couler…

 

Veterinarians_exercise_offers_free_pet_careLors d’un forum organisé par la Colorado Veterinary Medical Association, l’idée a été lancée de créer un programme de master sur trois semestres pour délivrer un nouveau titre professionnel, celui de vétérinaire adjoint (veterinary professional associate, VPA). De la même manière que les physician assistants en médecine humaine, ces VPA pourraient se concentrer sur les régions où les vétérinaires font défaut. Cela permettrait d’étendre le maillage vétérinaire, à la fois en termes de zone géographique couverte et d’éventail des services fournis, tout en faisant baisser les tarifs. En effectuant quelques-uns des actes de routine, sous la supervision d’un docteur vétérinaire, les VPA donneraient aux praticiens le temps de se concentrer sur les tâches les plus exigeantes de leur métier, les aidant en outre à prévenir l’épuisement professionnel qui peut sanctionner les longues heures de travail et de garde. De plus, ils répondraient aux besoins croissants des services vétérinaires en matière de santé publique ou encore des laboratoires de santé animale. Ainsi, les fonctions du VPA seraient limitées à certains actes vétérinaires et varieraient selon les codes et les lois de chaque État, qui seront à modifier en conséquence.

Outre-Atlantique, la profession collabore déjà avec des techniciens vétérinaires, en majorité des femmes, qui se plaignent d’une déconnexion généralisée entre leurs compétences, qui vont bien au-delà de celles des nurses, et leurs revenus, qui restent très inférieurs. En outre, ils ressentent souvent une frustration face à l’absence de répercussion de la croissance financière des hôpitaux vétérinaires qui les emploient. Dans une enquête menée par la National Association of Veterinary Technicians in America en 2008, près de 79 % des techniciens vétérinaires interrogés sur leur salaire estimaient être si mal payés qu’ils envisageaient de quitter cette profession. Seuls 43 % déclaraient être satisfaits et résolus à poursuivre une carrière dans cette voie. Pour certains techniciens, la déception par rapport au niveau des salaires est aggravée par l’ampleur de la dette contractée pour leurs études. Bien que la formation, sur deux ans, soit proposée par de nombreux collèges ou universités à un prix abordable, le cursus privé reste très coûteux (de 26 000 à 35 000 € par an).
Pour sa part, le programme de formation du VPA en trois semestres, proposé par l’université du Colorado, pourrait réduire le coût des études pour ces paraprofessionnels et celui des embauches pour les cliniques vétérinaires, créer des postes avec un potentiel de revenus plus élevés, et fournir un plan de carrière plus satisfaisant pour ceux qui souhaitent pratiquer la médecine vétérinaire à ce niveau intermédiaire.

ophtalmo_veterinarian_technicianPour le moment, le projet d’échelon intermédiaire n’est pas largement soutenu par la profession vétérinaire. La Colorado Veterinary Medical Association veut en savoir plus, réserve sa position, mais prône le dialogue. Quant aux étudiants vétérinaires, ils s’inquiètent notamment des conséquences sur le marché du travail. Pourtant, l’idée doit faire rapidement son chemin, selon l’université du Colorado, sachant qu’il existe aux États-Unis un immense réservoir d’animaux qui ne sont pas médicalisés pour de multiples raisons, et que les besoins des services vétérinaires devraient croître de façon conséquente dans un avenir proche. En outre, cette option permettrait d’accroître l’efficacité de la profession vétérinaire, d’augmenter ses revenus et de contrôler la hausse des tarifs des soins.

En médecine humaine, la profession médicale a mis plus de vingt ans à adopter la fonction de physician assistant. Et pourtant, selon une enquête menée en 1994, les médecins employant un assistant rapportent une efficacité accrue, un développement de l’activité et, dans l’ensemble, de meilleurs soins prodigués à leurs patients. Tout en travaillant, en moyenne, une semaine de moins par an que leurs confrères sans assistant, ils indiquent avoir augmenté le volume des heures d’ouverture du cabinet et de soins aux patients, ce qui a généré une hausse du revenu net de 18 %. L’étude coûts-bénéfices de l’embauche d’un physician assistant fait apparaître que pour chaque dollar généré, leur employeur débourse 28 cents. Les autres aspects positifs concernent notamment la réduction du temps d’attente et l’amélioration de la satisfaction des patients.

Face à la crise financière que traverse la médecine vétérinaire outre-Atlantique, elle n’a pas vingt ans devant elle pour décider si, oui ou non, le veterinary professional associate est la réponse à la demande croissante des services vétérinaires, à la pénurie de vétérinaires notamment dans le secteur de la sécurité sanitaire des aliments, à l’explosion de la dette des futurs diplômés, et aux changements rapides de l’environnement social. Les vétérinaires américains ne peuvent pas continuer à tout faire ou à le faire tout seuls. Peut-être le VPA fera-t-il partie de la solution. L’université du Colorado a le mérite d’avoir lancé, non sans audace, le débat.

 

Source DMV360

 

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