lundi, mars 18, 2024
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Élevage équin : quand la sélection génétique du cheval arabe confine à la caricature

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Élevage équin : quand la sélection génétique du cheval arabe confine à la caricature

Avec son profil hypertypé, El Rey Magnum a tout du cheval de dessin animé. Pourtant, ce pur-sang arabe de neuf mois fait la fierté du centre d’élevage Orion Farms, aux États-Unis. À force de sélection d’un hypertype, le jeune cheval arabe présente un physique difforme, qualifié de « proche de la perfection » par ses éleveurs. Comme pour les chiens et les chats brachycéphales, la recherche de cet idéal esthétique ne tient pas compte des conséquences pour ces animaux en termes de santé et de bien-être. Outre-manche, les vétérinaires britanniques, déjà mobilisés contre les morphotypes canins et félins extrêmes, mettent en garde contre les risques induits par cette nouvelle dérive génétique qui touche le cheval.

 

Estimé à plusieurs millions de dollars, El Rey Magnum est né et élevé à Orrion Farms, un élevage américain de pur-sang arabes situé dans l’État de Washington. Sa conformation, poussée à l’extrême, est présentée dans une vidéo promotionnelle comme l’aboutissement d’un programme de sélection visant la perfection, et attendu par les amateurs du monde entier… Mais le profil caricatural obtenu est encore plus problématique chez un cheval que chez un chien. En effet, à la différence du chien ou de l’homme, le cheval ne peut pas respirer par la bouche, uniquement par le nez. Avec son crâne et son chanfrein déformés, ce jeune cheval risque notamment de développer des troubles respiratoires. La forme de sa tête pourrait à terme compromettre sa capacité à respirer ou à se nourrir normalement.

Dans un article du Veterinary Record, plusieurs vétérinaires et spécialistes équins britanniques s’insurgent contre cet exemple d’un type de reproduction extrême, inédit chez le cheval, dont l’objectif n’est qu’esthétisme et apparence idéale. Car il ne s’agit pas là d’améliorer les performances ou les aptitudes du cheval arabe, mais bien d’outrer ses traits physiques spécifiques jusqu’à la difformité. Une dérive préoccupante, comme peut l’être la recherche de l’hypertype chez les races de chiens et de chats concernées par le syndrome brachycéphale. Outre les troubles de santé associés, la brachycéphalie extrême s’accompagne souvent d’une qualité de vie dégradée, d’une obésité due à une intolérance à l’exercice et d’une espérance de vie raccourcie.

Pour Madeleine Campbell, directrice d’Equine Ethics Consultancy, « toute tendance en reproduction animale qui vise à obtenir des physiologies extrêmes et qui affecte négativement les besoins normaux d’un animal doit être condamnée, pour des raisons de bien-être animal ». Jonathan Pycock, président de la British Equine Veterinary Association, est également opposé à ce type de caractéristiques extrêmes : « Je n’aime pas le résultat. Ce look n’est vraiment pas séduisant. Jusqu’où cela ira-t-il ? Est-ce vraiment si affreux pour un cheval de ressembler à un cheval, et non à un personnage de dessin animé ? »

 

 

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