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Basse-cour : l’élevage familial de volailles à l’origine d’antibiorésistance dans les pays en développement

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Basse-cour : l’élevage familial de volailles à l’origine d’antibiorésistance dans les pays en développement

Les petits élevages de poulets de chair procurent certes un revenu et un accès aux protéines animales aux populations rurales pauvres, mais en contrepartie, ils ont un impact négatif sur la santé humaine, conséquence directe du développement d’une antibiorésistance jusqu’alors rarissime dans les régions isolées. Ainsi, une étude menée en équateur par l’université du Michigan a révélé une résistance élevée au céfotaxime, un antibiotique bactéricide de la classe des céphalosporines de troisième génération, de la famille des bêta-lactamines.

 

Les chercheurs ont étudié les populations d’Escherichia coli résistantes aux antibiotiques chez les poulets de chair, les poulets de basse-cour en liberté et chez les enfants vivant dans les zones rurales du nord-ouest d’Esmeraldas, en Équateur, où les niveaux de résistance aux antibiotiques de troisième génération cliniquement importants pour l’homme et pour l’animal, tels que le céfotaxime, étaient historiquement très faibles.

Ils ont découvert qu’un gène associé à la résistance aux antibiotiques, déjà isolé chez les poulets de chair, était également présent chez les poulets de basse-cour et chez les enfants. Historiquement, la résistance au céfotaxime chez l’homme est très rare dans cette région du monde. Pour les auteurs, cela suggère donc que le gène en cause provient des poulets de chair.

Pour l’étude, les chercheurs ont récolté des échantillons bactériens chez des poulets de chair d’élevage issus de 10 familles, nourris avec des antibiotiques et élevés dans une coopérative, ainsi que chez des volailles de basse-cour errant librement à l’intérieur et à l’extérieur des habitations. Ils ont également échantillonné des poulets de basse-cour issus de 10 foyers qui ne pratiquaient pas l’élevage de poulets de chair. Deux ans plus tard, les chercheurs ont effectué des prélèvements chez les enfants des différentes communautés agricoles.

L’étude, publiée dans le journal de l’American Society of Tropical Medicine and Hygiene, a révélé une résistance élevée au céfotaxime chez les poulets de chair d’élevage : 66 % étaient résistants à cet antibiotique d’importance critique pour les volailles et l’homme. Elle a aussi montré une augmentation de la résistance au céfotaxime au fil du temps chez les poulets de basse-cour nourris sans antibiotiques (passant d’environ 2 % à près de 18 %), et enfin une production de bêta-lactamases à spectre étendu (les CTX-M) par les bactéries humaines et aviaires, suggérant l’émergence d’une transmission du poulet à l’homme.

L’élevage à petite échelle représente la majorité de la production de poulets dans le monde. Dans de nombreux pays en développement, ce mode d’élevage est incontournable pour permettre la sécurité alimentaire et économique des populations rurales. Toutefois, pour les auteurs, une plus grande vigilance doit être accordée au volet sanitaire de cette production locale de volailles, notamment pour contrer la transmission des agents pathogènes responsables des maladies diarrhéiques au sein des communautés, mais aussi le développement de l’antibiorésistance.

Les résultats de cette étude illustrent une problématique récurrente dans les travaux menés sur la production de viande au sein des pays en développement : si l’élevage familial de poulets contribue à réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire des populations, il a des conséquences néfastes directes sur la santé publique via la propagation et la sélection de résistances aux antibiotiques dans un environnement rural et peu développé.

 

 

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