Le troisième rapport de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) révèle un emploi plus responsable à l’échelle mondiale des agents antimicrobiens chez les animaux. La situation s’est améliorée, tant au niveau de la réglementation que du suivi. Selon les conclusions du recueil annuel des données mené auprès de 155 pays, de 2015 à 2017, les recommandations de l’OIE en matière de bon usage des antibiotiques et de lutte contre l’antibiorésistance ont été globalement entendues… même s’il reste beaucoup à faire.
L’OIE prône une utilisation raisonnée des antibiotiques et d’autres médicaments vétérinaires importants dans les domaines de la santé et des productions animales. L’une de ses principales recommandations concerne l’abandon du recours aux antibiotiques d’importance critique pour la promotion de croissance des animaux de production. Sur ce plan, une amélioration est relevée. Cet usage a régressé dans une quinzaine de nouveaux pays par rapport au précédent rapport (passant de 60 pays utilisateurs à 45). Toutefois, les antimicrobiens essentiels comme la colistine, classés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la catégorie “d’importance critique”, continuent d’être utilisés comme promoteurs de croissance dans plusieurs régions du monde. Une pratique qui compromet l’efficacité de nombreux médicaments antibiotiques, tant chez l’animal que chez l’homme.
Malgré tout, l’évolution reste positive : si 72 pays ne disposent toujours pas de cadre réglementaire concernant l’utilisation des promoteurs de croissance, une quarantaine d’autres ont mis en œuvre une réglementation pour encadrer cet usage, et plus généralement l’utilisation des agents antimicrobiens, depuis le premier rapport de la base de données. Ainsi, des mesures importantes ont déjà prises, comme la mise en place de systèmes de surveillance et le contrôle des usages, à la fois en santé humaine et en santé animale.
Il y a encore un long chemin à parcourir. À commencer par le processus de collecte des données au sein de nombreux pays, qui se heurte à plusieurs obstacles en l’absence d’outils et de ressources humaines adéquats, ou encore en raison d’un défaut de coordination et de collaboration des autorités nationales, entre elles et avec le secteur privé. Pourtant, chaque année, de plus en plus de pays sont en mesure de rapporter non seulement des données qualitatives, mais aussi quantitatives sur les antimicrobiens utilisés (+ 32 % de données quantitatives depuis la première collecte).
Ainsi, des progrès significatifs ont bien été accomplis, mais il reste encore beaucoup à faire dans le combat contre l’antibiorésistance. Pour cette raison, l’implication de tous les acteurs est requise, des vétérinaires aux éleveurs, en passant par les administrations et les industriels de l’agroalimentaire.