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Antibiorésistance : les Européens restent peu avertis des bons usages des antibiotiques

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Antibiorésistance : les Européens restent peu avertis des bons usages des antibiotiques

Dans le cadre de sa stratégie de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, la Commission européenne a publié, le 16 juin 2016, un sondage Eurobaromètre* qui montre une diminution de 6 % de la consommation d’antibiotiques dans la plupart des pays membres. Mais, dans le même temps, l’enquête révèle une faible prise de conscience du grand public concernant les effets thérapeutiques de ces médicaments, soulignant la nécessité d’intensifier l’action de l’Union via une approche “One Health” globale pour réduire plus efficacement cette consommation.

 

Antibioresistance medicament veterinaireCette vaste étude thématique sur les usages et la perception des antibiotiques dans l’Union a été menée auprès de 27 969 citoyens des 28 États membres, dont 1 045 Français, du 9 au 18 avril 2016. Les résultats, publiés le 16 juin, montrent une diminution de 6 % de la consommation d’antibiotiques au cours des dernières années, même si dans certains pays elle continue d’augmenter. Plus d’un tiers des Européens ont pris des antibiotiques au cours des douze mois qui ont précédé l’enquête. Néanmoins, leurs connaissances sur ces médicaments restent faibles, puisqu’une majorité d’entre eux (57 %) ignorent que les antibiotiques sont inefficaces contre les virus. Cela a des conséquences évidentes sur le recours à ces molécules. L’enquête démontre ainsi qu’il existe un lien direct entre une meilleure information du public et une consommation réduite.

Cette sensibilisation trop faible devrait inciter l’Union à s’engager davantage pour lutter plus efficacement contre l’antibiorésistance. Cela passe par l’intensification de la recherche pour développer de nouvelles molécules et des solutions alternatives à l’antibiothérapie, mais aussi par un appui renforcé aux plans d’action mis en place par les États membres, en utilisant ses compétences et ses outils dans une approche “One Health”, englobant la santé humaine et animale. Ainsi, le plan d’action européen sur l’antibiorésistance, initié par Bruxelles en 2011, est actuellement en cours de réévaluation par les différents ministres de la santé.

 

Une lutte globale et mondiale

Notamment due à une utilisation excessive et inappropriée de médicaments antimicrobiens chez l’homme et les animaux, ainsi qu’à de mauvaises pratiques de lutte contre les infections, l’antibiorésistance constitue une grave menace pour la santé animale et humaine dans le monde entier avec 25 000 morts par an en Europe seulement. La résistance aux antimicrobiens se propage à travers le tourisme international, le transfert des patients entre les établissements de santé, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe, et via le commerce des animaux et des aliments. Elle génère une augmentation des coûts des soins de santé, des hospitalisations prolongées, des échecs de traitement des maladies infectieuses, et un nombre significatif de décès.

La consommation mondiale d’antibiotiques, en médecine humaine, a augmenté de près de 40 % entre 2000 et 2010, selon une étude menée au Royaume-Uni. Aux États-Unis, plus de 2 millions de personnes contractent chaque année une infection résistante aux antibiotiques, entraînant plus de 23 000 décès (données 2009-2011 des Centers for Disease Control and Prevention). Dans l’Union européenne, quelque 25 000 personnes par an meurent d’une infection due à des bactéries résistantes aux antibiotiques (chiffres 2007). Les infections provoquées par ces bactéries multirésistantes génèrent des dépenses de santé supplémentaires et des pertes de productivité estimées à 1,5 milliard d’euros par an. Si la tendance actuelle n’est pas modifiée, 300 millions de personnes dans le monde mourront prématurément en raison de ce phénomène au cours des 35 prochaines années.

Face à cette situation complexe aux enjeux économiques et sociétaux mondiaux, les pays ou les administrations publiques ne peuvent pas agir seuls. Une approche « One Health » globale est nécessaire, impliquant de nombreux secteurs (santé publique, santé animale, sécurité des aliments, biosécurité, environnement, recherche et innovation, coopération internationale, etc.).

 

* Eurobaromètre spécial 445 sur la résistance aux antibiotiques, enquête menée en face à face du 9 au 18 avril 2016, publiée le 16 juin 2016, http://ec.europa.eu/dgs/health_food-safety/amr/docs/eb445_amr_fr_fr.pdf

http://ec.europa.eu/dgs/health_food-safety/amr/docs/eb445_amr_generalfactsheet_en.pdf

 

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